Fips est triste
Fips et son frère Félix ont construit une grande piste de billes dans le sable. Félix pense qu’il est trop grand pour jouer aux billes. Il le redit toujours, mais finit quand même par y jouer! Surtout lors de la construction de la piste de billes! Fips a toute une collection de billes. Les petites billes en verre existent dans toutes les couleurs: violet, jaune, vert, bleu et orange. Certaines sont transparentes avec des rayures colorées à l’intérieur. L’une d’entre elles est particulière. Elle est un peu plus grande que les autres et elle est complètement noire. Et le plus chouette c’est qu’elle scintille! Comme un ciel plein d’étoiles! Grand-papa Dodo l’a rapportée de son dernier voyage pour Fips et depuis, c’est devenu sa préférée!
A tour de rôle, Fips et Félix font rouler leurs billes sur la piste, avec de plus en plus d’élan. Fips veut absolument gagner. Il choisit la bille noire scintillante. Il serre fermement l’extrémité de son index derrière son pouce. Fips tend ses doigts autant qu’il le peut. Puis, il laisse glisser son index sur le bord de son pouce. Et il relâche ses doigts, de toutes ses forces!
C’est beaucoup trop fort. La bille ne reste pas sur la piste. Elle s’envole loin. Puis elle roule avec beaucoup d’élan sur le sol de la savane. Et soudain, elle disparaît. Fips ne peut plus voir la bille. Oh non! Fips court la rattraper. Félix trotte derrière lui. Félix et Fips cherchent partout, là où la bille est tombée. Mais il n’y a rien. Juste beaucoup de sable et de l’herbe de la savane.
Sur le sol de sable clair, on devrait normalement repérer un objet aussi noir facilement. Mais il n’y a rien à voir à perte de vue.
Là! Felix a découvert quelque chose. Fips court vers lui. Maintenant, il le voit aussi: un trou! Il y a un trou dans le sol. C’est probablement l’entrée d’une grotte. Peut-être qu’une souris y vit? «Ou un serpent!», dit Félix. Les araignées construisent aussi des nids sous la terre. Il ne faut surtout pas mettre la main dans le trou. C’est beaucoup trop dangereux. Mais est-ce que la bille a roulé dedans? Fips cherche un bâton. Félix secoue la tête. Avec un bâton, on ne peut pas non plus sortir la bille du trou. On risque de l’enfoncer plus profondément.
Fips pense à creuser pour que le trou soit plus accessible. «Mais alors, l’animal qui vit ici n’aura plus de maison,» rétorque Félix. Fips réfléchit. C’est vrai. Il ne veut pas détruire la maison de quelqu’un. Ce serait méchant. «Je crains que la bille ne soit perdue,» explique Félix. Fips doit ravaler sa salive. C’est sa bille préférée après tout! La plus belle bille du monde entier! Que va-t-il dire à grand-papa Dodo maintenant? Fips se met à pleurer. Félix le prend dans ses bras. Pauvre Fips. Ensemble, ils retournent à la tanière des suricates. Fips écrase furieusement la piste de billes. Félix, qui n’est pas en colère, le regarde. Il est bien trop désolé pour son petit frère. Félix sait combien Fips aimait sa bille.
Fips se retire dans sa chambre. Il n’a plus envie de jouer et pleure dans son oreiller. Maman entend les sanglots de Fips. Elle entre dans sa chambre et demande ce qui s’est passé. Fips raconte. Maman écoute. Il lui explique comment était construite la piste de billes et à quel point il voulait gagner. Puis il raconte l’envolée de la bille. Et le trou. Maman est heureuse que Fips et Félix n’aient pas mis la main dans le trou. Elle caresse doucement le dos de Fips avec amour. Elle ne peut pas récupérer la bille, mais elle peut le consoler. Fips lui raconte pourquoi la bille était si spéciale à ses yeux, comme elle brillait magnifiquement. Et comme elle pouvait rouler rapidement. Parler fait du bien. «Ça fait mal quand on perd quelque chose qu’on aime,» comprend Maman.
Pleurer aide quand on est triste. Les larmes peuvent faire sortir la tristesse. Larme après larme. Parfois, on doit pleurer beaucoup de fois avant de pouvoir être à nouveau joyeux. Mais chaque jour, ça va un peu mieux. Le manque diminue. «Un jour, tu ne penseras plus à la bille», dit Maman. Mais Fips ne veut pas oublier sa bille scintillante! Il veut toujours s’en souvenir. Fips s’assoit à sa table de dessin. Avec le gros crayon noir, Fips dessine un cercle. Il le colorie soigneusement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de blanc. Maman cherche la colle pailletée. Fips applique la colle sur son dessin. Pour le faire sécher, il place le dessin sous le soleil de la savane.
Le soir, le dessin de Fips pend au-dessus de son lit. Avant de dormir, Fips le regarde à nouveau. Il pense aux nombreux après-midis merveilleux où il a joué avec sa bille préférée. Ça le fait sourire. Peut-être que grand-papa Dodo lui apportera une nouvelle bille de son prochain voyage, une nouvelle bille toute spéciale!
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